Paris - En désaccord sur l'immigration, Rome et Paris ont multiplié les joutes verbales depuis juin 2018, au point de geler momentanément la possibilité de visites des responsables politiques des deux pays.

- Macron et "la lèpre qui monte"

Le 12 juin 2018, Emmanuel Macron dénonce le "cynisme" et "l'irresponsabilité" du gouvernement italien qui a refusé d'accueillir le navire Aquarius et ses 630 migrants à bord, tandis que le porte-parole de son parti La République en marche (LREM), Gabriel Attal, déclare que la position de l'Italie est "à vomir".Furieux, le ministre de l'Intérieur italien et dirigeant de la Ligue (extrême droite), Matteo Salvini, exige des excuses et brandit la menace d'une annulation de la visite à l'Elysée du nouveau chef du gouvernement, Giuseppe Conte. Elle a finalement lieu le 15 juin.

Le 22 juin, à quelques jours d'un sommet européen, Emmanuel Macron évoque "la lèpre qui monte" en Europe, "le nationalisme qui renaît, la frontière fermée que certains proposent" et ceux qui "trahissent même l'asile".

"Nous sommes peut-être des populistes lépreux, mais moi les leçons je les prends de qui ouvre ses ports. Accueillez les milliers de migrants et après on en reparlera", rétorque M. Salvini à "l'arrogant président Macron".

- Un clip français accusateur

Fin octobre 2018, un clip du gouvernement français appelle les citoyens à voter aux élections européennes de mai 2019 en affichant l'Italien Matteo Salvini et le Hongrois Viktor Orban comme repoussoirs. On y voit des migrants sauvés de la noyade, des femmes portant leurs enfants à bout de bras, puis MM. Salvini et Orban haranguant les foules.

"Le gouvernement français publie, avec l'argent des contribuables, un clip officiel pour les Européennes en m'utilisant comme un épouvantail. Macron et ses amis doivent avoir très peur. En 2019, un printemps des peuples qui va les balayer les attend", réagit M. Salvini sur Twitter.

- Soutien italien aux "gilets jaunes"

Le 7 janvier 2019, Matteo Salvini et l'autre vice-Premier ministre du gouvernement, Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement Cinq Etoiles (M5S) expriment leur soutien au mouvement des "gilets jaunes" français, dont le président Macron et sa politique fiscale sont la cible.

"Comme d'autres gouvernements, celui en France pense surtout à représenter les intérêts des élites, ceux qui vivent de privilèges, mais plus de ceux du peuple", accuse M. Di Maio. "Le gouvernement de Macron n'est pas à la hauteur des attentes", ajoute-t-il, appelant les "gilets jaunes" à "ne pas faiblir".

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Le vice-président italien Matteo Salvini a exprimé son soutien au mouvement des "gilets jaunes" français, dont le président Macron et sa politique fiscale sont la cible/ Photo:  Vincenzo Pinto/AFP

Le 20 janvier, M. Di Maio appelle l'Union européenne à des "sanctions" contre des pays comme la France, accusée "d'appauvrir l'Afrique" et de pousser les migrants à rejoindre l'Europe par sa politique de "colonisation".

L'ambassadrice d'Italie en France est convoquée au ministère français des Affaires étrangères pour ces propos jugés "inacceptables".

- Calmer le jeu

Le 22 janvier, M. Salvini répète qu'il espère que le peuple français se libèrera bientôt d'un "très mauvais président".

Le même jour, le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte tente toutefois de calmer l'escalade en soulignant "l'amitié historique" de son pays avec la France. "Ce rapport reste fort et solide en dépit des diverses discussions politiques", assure-t-il.

La France ne va pas jouer au "concours du plus bête" avec les dirigeants italiens, déclare le lendemain la ministre des Affaires européennes Nathalie Loiseau. En l'état des visites de responsables français ne sont pas envisageables en Italie", prévient la ministre

Puis, Emmanuel Macron a répondu à son tour dimanche, depuis Le Caire où il était en visite: ces critiques n"ont "aucun intérêt": "Le peuple italien est notre ami et mérite des dirigeants à la hauteur de son histoire", a-t-il ajouté.

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