Bruxelles - Les divergences entre Emmanuel Macron et Angela Merkel affaiblissent les chances du candidat de la chancelière allemande, Manfred Weber, de présider la nouvelle Commission européenne et pourraient ouvrir la voie à la nomination d'une femme, la Danoise Margrethe Vestager.

"Si l'Allemagne n'obtient pas la Commission à cause de la France, alors la France ne l'aura pas non plus", a assuré à l'AFP un responsable politique européen impliqué dans les tractations pour les présidences des institutions.

"Dans ce cas, la chancelière soutiendra la candidature de Vestager, car le Parlement exige la désignation du candidat d'un des groupes politiques", soutient-il. Aucun candidat "tiré du chapeau" ne sera accepté par le Parlement, ont confirmé plusieurs sources parlementaires.

Exit les ambitions du Français Michel Barnier, le négociateur du Brexit, sacrifiées sur l'autel de la mésentente entre la France et l'Allemagne.

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Principaux candidats à la présidence de la Commission européenne, âge, parti 

Angela Merkel n'a pas apprécié les prises de positions d'Emmanuel Macron pendant le sommet de Sibiu (Roumanie), raconte ce responsable. Le président français s'est publiquement opposé à la désignation de Manfred Weber, candidat du Parti populaire européen (PPE), mais surtout candidat de la coalition démocrate-chrétienne CDU-CSU en Allemagne.

"Nous devons éviter le compromis sur le moins bon candidat", a lancé M. Macron en conférence de presse, sans aller jusqu'à nommer Weber. La sortie n'a pas été appréciée par Berlin, ni par les dirigeants du PPE, la droite pro-européenne.

Angela Merkel a fait état de ses divergences avec le président Français. Emmanuel Macron a reconnu ces difficultés et les a assumées. La relation entre les deux dirigeants est devenue "très mauvaise" et "l'incompréhension est totale", ont confié à l'AFP plusieurs sources européennes.

Tractations

Un sommet extraordinaire a été convoqué pour le  28 mai, deux jours après les élections européennes. Chaque famille aura compté ses élus et constitué son groupe au Parlement européen.

Les tractations commenceront alors pour désigner des successeurs au Luxembourgeois Jean-Claude Juncker à la Commission, au Polonais Donald Tusk à la présidence du Conseil et à l'Italienne Féderica Mogherini, chef de la diplomatie européenne.

Sont également en jeu les présidences de la Banque centrale européenne (BCE) et du Parlement européen.

Le PPE a prévu de réunir ses instances le 28 avant le sommet et il va défendre la candidature de son candidat Manfred Weber à la Commission. Mais il lui faudra obtenir une majorité auprès des chefs d'Etat et de gouvernement.

Mission sera ensuite donnée au président du Conseil Donald Tusk de mener les négociations afin de trouver un compromis sur l'ensemble des nominations pour le sommet semestriel européen des 20 et 21 juin.

L'accord sur le prochain président de l'exécutif bruxellois conditionnera toutes les autres nominations.

"Nulle part il n'est dit que c'est automatiquement le candidat du premier groupe politique (au Parlement) qui passe. Seules deux conditions: être candidat officiel d'un groupe et réunir la majorité", rappelle Jaume Duch, le porte-parole du Parlement européen.

Mais une femme devra impérativement être nommée à la présidence d'une institution et un équilibre entre les pays devra être respecté dans les nominations, a rappelé Donald Tusk.

Or, Margrethe Vestager est la candidate la plus connue. Commissaire à la Concurrence, elle est tête de liste du groupe Libéral. Le président américain Donald Trump l'a surnommée  la "Tax Lady" de l'UE.

"Il est grand temps d'avoir une femme à la tête de la Commission", a-t-elle plaidé lors d'un entretien avec l'AFP.

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Les candidats à la présidence de la Commission européenne, Margrethe Vestager (ALDE) et Manfred Weber (PPE). Photos: Aris Oikonomou/Ina Fassbender/AFP

Angela Merkel l'admire et Emmanuel Macron aurait du mal à recaler la candidate des libéraux, ses alliés au Conseil européen et dans le prochain Parlement.

Seul hic: le Danemark n'est pas dans l'euro et ne participe pas à toutes les politiques européennes.

Si Mme Vestager n'était pas désignée il faudrait alors "chercher la femme". "Demandez leur avis à 10 personnes et vous avez 10 réponses", parmi lesquelles la Française Christine Lagarde (FMI) ou la Bulgare Kristalina Georgieva (Banque mondiale), ironise un fonctionnaire européen.

Quant à Angela Merkel, dont le nom circule pour la présidence du Conseil, elle a répondu Non aux responsables du PPE qui lui ont demandé de se déclarer. Joseph Daul, le chef de la famille, est convaincu qu'elle ne s'engagera pas.

Par Christian Spillmann

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