Paris - Parler de "migrants économiques" en opposition aux "réfugiés" est un raccourci "fallacieux" qui risque de créer "une confusion dans l'opinion publique", met en garde l'OCDE, en préambule d'un rapport publié le 20 novembre sur "le recrutement des travailleurs immigrés en France".

"Dans le débat public sur les questions migratoires en France, comme dans d'autres pays de l'OCDE, les +migrants économiques+ sont souvent opposés aux réfugiés" pour désigner "les immigrés entrés illégalement sur le territoire et qui ne sont pas éligibles au droit d'asile", affirme l'OCDE dans un rare "avertissement aux lecteurs".

Or "on ne peut résumer l'immigration à ces catégories caricaturales sans risquer de créer une confusion dans l'opinion publique", avertit l'OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économique).

Ce rappel intervient alors que le gouvernement a plusieurs fois répété sa volonté d'améliorer l'accueil des réfugiés en les distinguant des migrants entrés pour des raisons économiques. La priorité est "d'empêcher qu'un certain nombre de migrants économiques puissent venir", affirmait ainsi le ministre français de l'Intérieur Gérard Collomb le 8 octobre.

Mais, rappelle l'OCDE, le terme "migration économique" recouvre "l'ensemble des migrants qui disposent d'un titre de séjour (...) délivré en vue de l'exercice d'une activité professionnelle".

C'est pourquoi cet usage est "fallacieux" et "contribue à dévoyer la discussion sur les politiques migratoires", car "il donne à penser que les migrations résultent essentiellement d'entrées irrégulières".

Or "la très grande majorité des migrations" s'effectuent "par le biais de canaux légaux et de manière ordonnée", et avec "d'autres motifs" que la demande d'asile.

Cette immigration de travail reste d'ailleurs "minoritaire dans les flux d'étrangers admis à s'installer durablement en France", ajoute l'OCDE, avec environ 28.000 titres de séjour délivrés en 2016 pour motif d'emploi (sur 230.000 au total).

C'est deux fois moins que l'immigration familiale et "deux à quatre fois moins" que les Européens venant travailler en France, selon l'OCDE, qui rappelle "l'impact positif" sur l'économie que peut avoir "une immigration bien gérée".

Cette gestion pourrait être améliorée, selon le rapport, qui appelle la France à "moderniser et à renforcer le pilotage de l’immigration professionnelle", notamment par une mise à jour de la liste des métiers en tension, et à combler son "déficit d'attractivité" avec une meilleure mise en oeuvre du "passeport talents" visant l'immigration hautement qualifiée.

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