Sofia (Bulgarie) - Les dirigeants européens ont confirmé le 17 mai la "perspective européenne" promise aux pays des Balkans, où la Russie tente d'étendre son influence, mais sans leur laisser l'espoir d'un élargissement rapide d'une UE en pleine refondation.

Après un dîner consacré la veille au front uni que l'UE veut opposer aux "caprices" de Donald Trump, les chefs d'Etat et de gouvernement européens ont retrouvé jeudi à Sofia leurs homologues d'Albanie, de Bosnie-Herzégovine, de Serbie, du Monténégro, de Macédoine et du Kosovo.

Une sommet sous cette forme est une première en "15 ans", a insisté le président du Conseil européen, Donald Tusk, soulignant l'appel des 28 à ce que "la perspective européenne reste le choix géostratégique des Balkans occidentaux".

"Ce sommet est peut-être un acte symbolique, mais il peut à nouveau insuffler un peu de dynamisme", a plaidé le chancelier autrichien Sebastian Kurz, dont le pays prend la présidence tournante de l'UE en juillet.

"C'est important pour nous aussi, car s'il n'y a pas de perspective européenne dans les Balkans, l'influence turque et d'autres influences deviennent de plus en plus fortes", a mis en garde M. Kurz.

Mais plusieurs dirigeants européens ont tempéré les espoirs d'une adhésion rapide à l'UE des pays des Balkans.

"Prudence"

"Je suis favorable à l'ancrage des Balkans avec l'Europe et vers l'Europe, mais je pense qu'il faut regarder avec beaucoup de prudence et de rigueur tout nouvel élargissement", a prévenu le président français Emmanuel Macron.

"Il faut aider tous les pays qui sont en train de faire des réformes et qui avancent vers l'Europe", a estimé M. Macron. Mais avant d'envisager tout élargissement, l'UE va d'abord se concentrer sur son "approfondissement et un meilleur fonctionnement" à 27, après le départ programmé des Britanniques en 2019, a-t-il ajouté .

Comme d'autres, la France considère que les adhésions rapides accordées ces quinze dernières années à des pays d'Europe de l'Est sont l'une des causes des difficultés actuelles de l'Union.

Dans la déclaration finale du sommet, les Européens évitent ainsi d'employer les mots "adhésion" ou "élargissement".

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Statut des pays des Balkans vis-à-vis de l'Union européenne 

Ils y déclinent en revanche le thème de la "connectivité" par la promesse d'investissements dans les infrastructures de transport des Balkans, des échanges éducatifs et culturels et des liens renforcés face à des "défis communs" comme la sécurité et les migrations.

Dans ce texte, l'UE se dit "résolue à renforcer et à intensifier son action à tous les niveaux en vue de soutenir la transformation politique, économique et sociale de la région".

"Pas de plan B"

Donald Tusk a assuré que ces initiatives "n'étaient ni une alternative ni un substitut à l'élargissement", mais un moyen de ne pas attendre cet élargissement pour avancer.

"Parce que je ne vois pas d'autre avenir pour les Balkans occidentaux que l'UE, il n'y a pas d'alternative, il n'y a pas de plan B", a-t-il insisté.

Des responsables européens ont par ailleurs rappelé que les 28 auraient d'autres rendez-vous en juin pour discuter des adhésions à l'UE. Et décider notamment s'ils acceptent d'ouvrir des négociations avec l'Albanie et la Macédoine, comme le propose la Commission européenne.

Pour l'heure, des pourparlers d'adhésion n'ont commencé qu'avec la Serbie (en 2014) et le Monténégro (en 2012), que le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker verrait bien quant à lui devenir membres de l'Union "d'ici 2025".

Avant toute percée, les pays des Balkans "doivent faire en sorte qu'il y ait entre eux plus de stabilité, entre eux moins de tensions", a prévenu le Premier ministre belge Charles Michel.

Les Européens s'inquiètent notamment des tensions entre la Serbie et son ancienne province du Kosovo.

Cinq Etats membres (l'Espagne, la Grèce, Chypre, la Slovaquie et la Roumanie) ne reconnaissent d'ailleurs pas la déclaration unilatérale d'indépendance du Kosovo de 2008. Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy était même absent pour marquer son hostilité.

Le différend vieux de 27 ans qui oppose la Grèce aux autorités macédoniennes est lui aussi un problème pour l'UE, Athènes refusant que l'ex-république yougoslave de Macédoine utilise le même nom que sa province du nord.

Mais les deux pays ont semblé avancer : le Premier ministre macédonien Zoran Zaev a ainsi dit qu'une "solution acceptable" avait été trouvée avec son homologue grec Alexis Tsipras.

"Nous avons couvert le plus gros de la distance, mais il y en a encore à parcourir", a toutefois tempéré le dirigeant grec.

Par Cédric Simon

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