Bruxelles - La victoire écrasante du parti du Premier ministre hongrois Viktor Orban a été saluée lundi 9 avril au plus haut sommet de l'UE et par sa famille politique, mais tous ont rappelé au dirigeant controversé le nécessaire respect des valeurs européennes.

Donald Tusk, le président du conseil européen, l'instance des Etats membres, lui a adressé lundi soir un bref message de félicitation. "Cher Viktor, au nom du Conseil, je veux vous féliciter pour le résultat de l'élection et je compte sur vous pour jouer un rôle constructif au cours de ce nouveau mandat pour maintenir l'unité dans l'Union", lui a-t-il écrit.

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a également annoncé l'envoi d'un message lundi soir et un entretien au téléphone est prévu mardi entre les deux hommes, ont indiqué ses services.

"La Commission a hâte de travailler avec le nouveau gouvernement hongrois sur les nombreux défis communs qui nous attendent dans les mois à venir", a assuré le porte-parole en chef de la Commission Margaritis Schinas lors de son point presse quotidien.

Mais les félicitations de l'exécutif européen ont été assorties d'une mise en garde.

"L'Union européenne est une union de démocraties et de valeurs. Le président Juncker et la Commission pensent que la défense de ces valeurs et de ces principes est un devoir commun de tous les Etats membres sans exception", a insisté M. Schinas, en réponse à une question sur les lois controversées sur les ONG et les universités promulguées en Hongrie.

Ces deux législations valent à Budapest d'être renvoyé devant la justice européenne.

Ancien dissident sous le régime communiste, Viktor Orban est devenu un dirigeant controversé au sein de l'UE, à la tête d'un parti national-conservateur. Il multiplie les diatribes contre "l'invasion migratoire" et l'ingérence supposée de "Bruxelles", dont il refuse la politique d'accueil des réfugiés.

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Viktor Orban, Premier ministre hongrois, vainqueur des législatives 

- Cauchemar de l'UE -

Viktor Orban est devenu "le principal cauchemar de l'UE", a ironisé Nigel Farage, l'ancien leader du parti indépendantiste britannique Ukip et héraut du Brexit.

Viktor Orban et son parti Fidesz sont membres du Parti populaire européen, la famille politique conservatrice de Jean-Claude Juncker, de Donald Tusk et de la chancelière allemande Angela Merkel.

Le président du groupe PPE au Parlement européen Manfred Weber a été l'un des premiers à lui adresser un message de soutien au lendemain des élections, via Twitter.

"C'est un succès démocratique pour lui et pour son parti", a-t-il ensuite expliqué dans un entretien à l'AFP. Mais le PPE attend de M. Orban qu'il respecte les "valeurs fondamentales de l'UE". "Pour le moment il (les) a toujours respectées", même s'il a parfois fallu lui forcer la main, a reconnu M. Weber. Si cela devait s'arrêter, "il serait exclu" du PPE, a-t-il averti.

La famille chrétienne-démocrate soutient son "fils adoptif" recueilli dans les années 1990, observe Joachim Fritz-Vannhame, analyste pour la Fondation Bertelsmann. "On suit malheureusement depuis pas mal de temps un jeu à l'intérieur du Parlement européen, et c'est vrai un peu aussi pour les autres institutions européennes : vous ne critiquez pas vos camarades sociaux-démocrates qui débordent, M. Fico par exemple en Slovaquie, alors de quel droit devrions-nous critiquer un Orban?", souligne-t-il.

L'attitude du PPE a provoqué la critique acerbe de leurs collègues des Verts au Parlement, qui ont jugé ce soutien "inadmissible".

En Europe, nombre de félicitations sont venues de l'extrême droite. La présidente du Front national français et ancienne députée européenne Marine Le Pen notamment a salué la "grande et nette victoire de Viktor Orban".

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Evolution des scores des principaux partis de droite nationaliste aux élections présidentielles et législatives dans 12 pays européens, après les élections législatives en Hongrie 

- Double jeu -

Cette nouvelle poussée des eurosceptiques en Europe, après l'Italie et l'Autriche, est un avertissement avant les élections européennes de 2019, selon Joachim Fritz-Vannahme. "Si ça continue comme ça, il y aura une majorité d'eurosceptiques l'année prochaine parmi les membres du Parlement européen", estime-t-il.

Selon Daniel Mikecz, de Republikon, un groupe de réflexion libéral basé en Hongrie, la réaction de l'UE à la victoire de Viktor Orban sera cruciale. "Fidesz accorde de l'importance à son appartenance au PPE et à ses bonnes relations avec les conservateurs allemands. Ces deux acteurs pourraient avoir une influence modératrice. Nous avons vu comment Fidesz joue un double jeu, ses eurodéputés se comportent différemment des députés (nationaux) à la maison", observe-t-il.

"Il est évident que notre coopération est sujette à des controverses, comme les positions différentes de nos deux pays en ce qui concerne la politique migratoire", a déclaré lundi le porte-parole d'Angela Merkel. "Mais la chancelière propose que nous poursuivions notre coopération", a-t-il ajouté.

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La Hongrie

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