Bruxelles - L'Office anti-fraude européen, l'Olaf, est "inondé" de cas portant sur des employés et membres des institutions européennes, notamment le Parlement européen, a affirmé le 31 mai son directeur-général, à l'image de l'affaire des assistants parlementaires du Front national en France.

"L'an passé, le département en charge des dossiers internes a été inondé", a déclaré le patron de l'Olaf, Giovanni Kessler, lors de la présentation du rapport annuel de l'agence à Bruxelles.

En 2016, sur les 272 enquêtes finalisées, 34 portaient sur des employés de l'UE ou des membres des institutions, et 25 ont fait l'objet de recommandations de la part de l'Olaf, qui ne peut prendre directement des sanctions.

Il y a encore 47 investigations en cours, a précisé M. Kessler, "la plupart d'entre elles en lien avec le Parlement".

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L'Olaf a considéré que Marine Le Pen avait indûment touché des sommes du Parlement pour rémunérer une assistante. Photo: Philippe Huguen/AFP

L'un des cas les plus médiatisés est celui des assistants parlementaires du Front national en France, dont plusieurs représentants font l'objet d'une enquête.

L'Olaf a considéré que l'eurodéputée Marine Le Pen, cheffe de la formation d'extrême droite et candidate à la présidentielle, avait indument touché des sommes du Parlement pour rémunérer une assistante, un emploi jugé fictif.

L'office a ainsi recommandé à l'institution de recouvrer la somme d'environ 300.000 euros, avis que cette dernière a décidé d'appliquer au printemps 2017.

Le FN, de son côté, a dénoncé 19 eurodéputés français, dont Marielle de Sarnez, nouvelle ministre des Affaires européennes, sur des soupçons d'emplois fictifs sur des postes d'assistants parlementaires. Mme de Sarnez a dû démissionner du gouvernement.

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Marielle de Sarnez a dû démissionner de son poste de  ministre en raison de soupçons d'emplois fictifs sur des postes d'assistants parlementaires européens. Photo: Geoffroy Van Der Hasselt/AFP

La déferlante d'informations sur des cas présumés suspects auprès de l'Olaf découle d'un "jeu de la loi du talion", où les parlementaires sous le coup d'une enquête désignent des collègues d'hémicycle qu'ils estiment opérer de la même façon.

"Nous avons d'ores et déjà transmis au Parlement une recommandation administrative (...) Peut-être que les règles internes devraient être changées pour laisser moins de marge de manoeuvre" aux parlementaires, a observé M. Kessler.

Au total en 2016, l'Olaf a clôturé 272 dossiers, en a ouvert 219, et a émis 346 recommandations aux autorités concernées dans les Etats membres.

Les fraudes constatées par l'Olaf auraient ainsi coûté 631 millions d'euros au budget de l'UE (qui était de plus de 136 milliards d'euros en 2016).

- Panama papers -

L'office s'est par ailleurs penché sur l'énorme cas du scandale des "Panama papers", quelque 11,5 millions de documents dévoilés par un consortium de journalistes portant sur le recours massif à des sociétés offshore dans un but d'évasion fiscale.

L'Olaf a étudié des "téraoctets de données" à la recherche de personnalités membres d'institutions européennes, à des postes de direction ou dans des catégories d'employés considérées "à risque" (comme des administrateurs budget ou des auditeurs), ou encore d'experts auprès de l'UE ou de récipiendaires de fonds communautaires.

Quatre enquêtes ont été ouvertes à l'issue de ce travail, a annoncé l'Olaf, qui ne peut donner d'autres précisions car les investigations sont en cours.

Une grande partie des enquêtes de l'Olaf porte sur des marchés publics, qui "restent un créneau attrayant pour les fraudeurs" en matière de corruption et de comptes offshore.

L'une des plus grosses affaires de ces derniers mois concerne l'importation de textiles et vêtements chinois par des réseaux criminels via le Royaume-Uni, qui a occasionné selon l'Olaf un manque à gagner de près de 2 milliards d'euros en droits de douane.

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