Rome - La droite alliée à l'extrême droite a le vent en poupe à moins de deux semaines des élections législatives italiennes du 4 mars, dont l'issue reste néanmoins très incertaine, et pourrait conduire à un Parlement sans majorité stable.

Selon les derniers sondages disponibles, la coalition formée de Forza Italia (FI), le parti de droite de Silvio Berlusconi, et des partis d'extrême droite La Ligue et Fratelli d'Italia comptabilise 37% à 38% des intentions de vote.

Cette coalition "est à zéro virgule quelque chose des 40%" des suffrages et "avec cette loi électorale, 40% signifie la possibilité d'avoir la majorité", a assuré Silvio Berlusconi le 20 février.

Le scrutin en vigueur est un dosage complexe entre proportionnel et majoritaire, qui permet d'obtenir la majorité des sièges avec seulement 40 ou 45% des voix, les experts restant eux-mêmes partagés sur le seuil fatidique.

Porté par ces sondages encourageants, Silvio Berlusconi poursuit avec énergie, à 81 ans, sa cinquième campagne électorale affirmant "vouloir gagner une dernière fois avant de se retirer", selon son biographe Alan Friedman, cité dans le Corriere della Sera.

Aucune radio n'est trop petite, ni aucune chaîne de télévision trop locale, pour accorder une interview, même si les déplacements de celui qui fut à trois reprises chef du gouvernement sont limités sur ordre de ses médecins.

Un temps absent de la scène politique en raison de problèmes judiciaires et de santé, le vieux magnat des médias a réussi son "come back" en portant Forza Italia de 11%-12% des intentions de vote il y a un an à 17-18% actuellement, devançant ainsi son allié et concurrent, la Ligue de Matteo Salvini, créditée d'environ 13%-14%.

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Graphique présentant les gouvernements qui se sont succédé en Italie  depuis 1948

La course entre ces deux partis au sein de la même coalition est suivie avec attention à l'étranger, la Ligue - alliée du parti français Front National de Marine Le Pen - étant sur des positions nettement anti-européennes.

Volonté de gagner

Un accord entre Berlusconi et Salvini prévoit que celui de leurs deux partis qui remportera le plus de voix désignera le Premier ministre, si la coalition dans son ensemble obtient une majorité parlementaire stable.

A part la volonté de gagner, les deux hommes ont cependant peu de choses en commun. "Ils ne se supportent pas", selon Roberto D'Alimonte, directeur du département des sciences politiques de l'université Luiss à Rome.

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Silvio Berlusconi sur la Rai 1, le 11 janvier 2018 à Rome. Alberto Pizzoli\AFP Photo

Si les sondages se confirment, cette coalition, qui fait cohabiter tant bien que mal souverainistes anti-immigration de la Ligue ainsi que de Fratelli d'Italia et modérés pro-européens de Forza Italia, se place ainsi en tête de la course.

Elle devance les populistes du Mouvement 5 Etoiles (M5S), crédités d'environ 28% des intentions de vote et la coalition de gauche menée par le Parti démocrate (PD, centre-gauche, au pouvoir) qui obtiendrait entre 26% et 27% des voix.

Au coude-à-coude dans les sondages, les trois camps ont multiplié pendant la campagne les promesses impossibles à tenir, sauf à faire exploser la dette italienne qui est déjà l'une des plus élevées en Europe (132% du PIB).

Moins d'impôts, plus d'investissements, augmentation des retraites, rapatriement de centaines de milliers d'immigrés en situation irrégulière... Tout le monde peut y trouver son compte, à condition d'en avoir les moyens.

"Mille milliards d'euros, c'est le chiffre stratosphérique des promesses électorales des leaders" des différents partis politiques, écrivait le quotidien La Stampa, le 19 février en résumant les différents programmes.

Sans majorité politique

Vu l'incertitude entourant ce scrutin et la réelle possibilité que le pays se réveille le 5 mars sans majorité politique, toutes ces promesses ont néanmoins de fortes chances de rester lettre morte.

Il est d'ailleurs probable que l'Italie continue à aller de l'avant avec l'actuel gouvernement dirigé par Paolo Gentiloni, membre du Parti démocrate, au moins pendant quelques mois.

En dehors de la coalition emmenée par Silvio Berlusconi, les observateurs évoquent d'autres rassemblements possibles, au vu des résutats des différents partis, comme celui qui pourrait associer les "europhiles" du PD et de FI, sorte de grande alliance à l'allemande, ou une coalition des "europhobes", associant Ligue et M5S.

Reste la grande incertitude de la participation dans un pays où nombre d'électeurs, à commencer par les plus jeunes, ne sont guère tentés de se déplacer.

"J'ai beaucoup d'amis qui qui ne voteront pas parce qu'ils n'ont pas confiance dans ces partis politiques et parce qu'ils pensent que de toutes façons, ça ne changera rien", a ainsi déclaré Tina, 23 ans, à l'AFP.

Par Ljubomir Milasin

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