Bucarest - Le chef de la diplomatie roumaine Teodor Melescanu dont le pays, critiqué pour une réforme controversée de la justice, pilote l'UE jusqu'en juin, s'est déclaré opposé à la proposition européenne de réduire les versements européens aux pays membres menaçant l'Etat de droit.

"Si quelqu'un me dit quels sont les critères qui définissent l'Etat de droit, je serai prêt à en discuter", a déclaré M. Melescanu lors d'une interview à l'AFP le 28 janvier.

Le Parlement européen a voté mi-janvier à une large majorité en faveur d'une suspension ou réduction des paiements de fonds européens pour "les gouvernements qui entravent la justice ou qui ne luttent pas contre la fraude et la corruption". Cette proposition, lancée par la Commission, doit maintenant faire l'objet de négociations avec le Conseil de l'Union européenne.

"Je ne crois pas qu'un tel lien devrait exister", a martelé M. Melescanu, estimant que ces fonds de l'UE sont "un élément fondamental, sur lequel repose toute la philosophie de l'UE".

Si le président de la Commission Jean-Claude Juncker a assuré "ne pas viser des Etats membres en particulier", la Pologne, la Hongrie et la Roumanie se sont senties montrées du doigt.

Bucarest est notamment sous le feu des critiques pour une refonte de la justice, adoptée en plusieurs volets depuis début 2017, qui sape l'indépendance des magistrats et entrave la lutte contre la corruption selon ses détracteurs.

Alors que Bruxelles et Washington ont décrié des modifications législatives qui "menacent les institutions démocratiques" du pays, M. Melescanu a assuré que cette réforme judiciaire "a été faite de manière transparente", affirmant que le "fonctionnement de la justice est l'apanage de chaque pays".

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Données sur les immigrés européens au Royaume-Uni et l'émigration des Britanniques dans les autres pays de l'UE 

"Nous respectons les opinions (critiques, ndlr) mais cela ne veut pas dire que nous les considérons comme correctes", a-t-il lancé, assurant que "la Roumanie a une démocratie stable et solide".

Le ministre s'est également rangé du côté de la Pologne et de la Hongrie, visées par une procédure plus lourde et exceptionnelle prévue par l'article 7 du Traité de l'UE en cas de "violation grave de l'Etat de droit".

"Je suis pour une poursuite du dialogue" afin de permettre à ces deux pays "de présenter leurs arguments et de répondre aux arguments des autres", a-t-il dit.

M. Melescanu s'est par ailleurs déclaré en faveur d'une relance du dialogue avec la Turquie, dont les négociations d'adhésion à l'UE sont au point mort.

"Notre souhait est de maintenir ouvertes les voies de communication entre l'UE et la Turquie", a affirmé le ministre, faisant état de son intention d'organiser une réunion sur le sujet durant le semestre de présidence de Bucarest à la tête de l'UE, qui s'achève fin juin.

Les relations entre l'UE et Ankara se sont considérablement détériorées depuis la tentative manquée de putsch de juillet 2016 et la répression touchant opposants et journalistes qui a suivi.

Selon M. Melescanu toutefois, "les négociations d'adhésion doivent se poursuivre, même s'il existe des avis contraires" parmi les Etats membres de l'UE.

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