Bruxelles - La croissance dans la zone euro a ralenti au deuxième trimestre, visiblement affectée par les inquiétudes liées aux tensions commerciales, selon des données publiées le 31 juillet, jugées décevantes par les analystes.

D'avril à fin juin, le Produit Intérieur Brut (PIB) pour l'ensemble des 19 pays ayant adopté la monnaie unique a crû de 0,3%, après 0,4% au premier trimestre, selon une estimation provisoire de l'Office européen des statistiques, Eurostat.

Cette décélération à laquelle ne s'attendaient pas les économistes laisse à penser que la conjoncture s'est déjà quelque peu refroidie après l'excellent cru de la fin 2017.

"L'incertitude commerciale semble avoir déjà eu un effet significatif sur l'économie de la zone euro au deuxième trimestre", a commenté Bert Colijn, analyste de la banque néerlandaise ING.

Selon lui, s'il est probable que l'impact de ces tensions sur les exportations a été encore relativement faible au deuxième trimestre, il a été important sur le sentiment de confiance des entreprises comme des consommateurs, conduisant à des investissements moindres.

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Graphique montrant l'évolution de la croissance dans l'UE et la zone euro

L'administration américaine a infligé le 1er juin des taxes douanières sur l'acier et l'aluminium européens, conduisant Bruxelles à mettre en place des droits de douane additionnels sur une série de produits typiquement américains en guise de rétorsion.

Le 25 juillet, le président américain Donald Trump et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, ont conclu un armistice commercial à la Maison Blanche, mais cet accord suscite beaucoup d'interrogations.

Le lendemain, le patron de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, a d'ailleurs jugé prématuré d'être rassuré par cette amorce de trêve et a maintenu le cap d'un resserrement monétaire progressif décidé en juin. En clair, le mot d'ordre reste la prudence.

"Les chiffres (d'Eurostat) sont largement en ligne avec le scénario de la BCE", a estimé Dirk Schumacher, analyste chez Natixis.

 

L'inflation accélère

En juillet, selon une estimation provisoire d'Eurostat, l'inflation en zone euro a accéléré à 2,1%, dopée par la cherté de l'énergie (+9,4% en juillet, contre +8% en juin).

Ce chiffre, qui dépasse légèrement l'objectif fixé par la BCE, est un peu plus élevé que ce qu'escomptaient les analystes. Ces derniers tablaient sur un chiffre identique à celui de juin: 2%.

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Graphique montrant les évolutions de l'inflation dans les pays de la zone euro

Pour la BCE, une inflation très légèrement inférieure à 2,0% sur un an est considérée comme un signe de bonne santé de l'économie.

L'inflation sous-jacente (hors énergie, produits alimentaires, boissons alcoolisées et tabac, qui exclut par conséquent les produits particulièrement volatils) a elle aussi accéléré en juillet: +1,1%, contre 0,9% en juin.

Pas de raison cependant pour que la BCE dévie de sa stratégie annoncée jeudi dernier, selon les analystes.

"Le tableau cyclique atone et le bas niveau de l'inflation sous-jacente ne vont pas pousser la BCE à augmenter ses taux d'intérêt avant l'automne 2019", a estimé M. Colijn.

La BCE prévoit une sortie progressive d'ici fin décembre 2018 du "QE" (Quantitative Easing, assouplissement quantitatif), c'est-à-dire du rachat massif de dettes publiques et privées, qui passera par une décrue de son rythme entre octobre et décembre, à 15 milliards d'euros mensuels contre 30 milliards actuellement.

Annoncé en janvier 2015, le QE a permis à la BCE de déverser près de 2.500 milliards d'euros de liquidités sur le marché pour favoriser le financement des ménages et des entreprises afin qu'ils stimulent la croissance et l'inflation.

Côté chômage, les chiffres de juin, parus mardi, sont encourageants: avec un taux de 8,3%, comme en mai, ils sont au plus bas depuis décembre 2008.

Le chômage dans la zone euro n'a cessé de reculer depuis qu'il est repassé en septembre 2016 sous le seuil symbolique de 10,0%. Il reste cependant toujours plus élevé que le taux moyen d'avant la crise financière de 2007-2008, où il s'établissait à 7,5%.

Par Céline Le Prioux

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