Rome - L'échec des eurosceptiques à former un gouvernement en Italie après le veto du chef de l’État sur un ministre de l’Économie anti-euro propulse le pays vers une crise politique dont la seule issue semble être des élections anticipées.

- Un gouvernement Cottarelli

Le premier pas dans tous les cas de figure sera la naissance d'un gouvernement technique dirigé par Carlo Cottarelli.

Cet ancien dirigeant du Fonds monétaire international (FMI), incarnation de l'austérité budgétaire, a été chargé lundi midi par le président Sergio Mattarella de former un nouveau gouvernement.

Il promis de présenter rapidement la liste de son gouvernement afin de prêter serment puis de demander la confiance du Parlement.

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Fiche sur Carlo Cottarelli, proposé pour diriger le gouvernement italien 

- Défiance du Parlement

Il est très peu probable que M. Cottarelli obtienne la confiance du Parlement, dominé par les élus du Mouvement 5 Étoiles (M5S, antisystème) et de la Ligue (extrême droite), qui sont vent debout contre tout ce qu'il représente.

Dès lors, son gouvernement sera seulement chargé de gérer les affaires courantes avant de nouvelles élections "après le mois d'août", a-t-il expliqué. S'il obtient la confiance, il vise de préparer et faire adopter le budget 2019, avant des élections en début d'année prochaine.

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Composition du Parlement italien, en sièges par groupe parlementaire 

- Les rapports de force

Aux législatives du 4 mars, la coalition de droite/extrême droite a remporté 37% des voix - avec la Ligue de Matteo Salvini (17%) devant Forza Italia de Silvio Berlusconi (droite, 14%) - et le M5S plus de 32%, tandis que le Parti démocrate (PD, centre gauche) est tombé à 19%.

Désormais, les sondages placent la Ligue autour de 22% des intentions de vote tandis que les autres formations se maintiennent à leur niveau de mars.

Mais il n'est pas certain que la coalition de droite survive à la crise actuelle. M. Berlusconi avait donné son feu vert aux tractations M5S/Ligue mais il n'a pas du tout apprécié leur programme commun.

Attaché à l'ancrage européen de l'Italie, le vieux milliardaire s'est rangé dimanche derrière M. Mattarella, même si les élus de son parti Forza Italia ont annoncé qu'ils ne voteraient pas la confiance à M. Cottarelli.

Désormais, les médias n'excluent pas une alliance ou un accord Ligue/M5S, le quotidien La Stampa évoquant par exemple un éventuel "pacte de non-belligérance pour les prochaines élections".

"Nous allons voir, nous allons juger à partir des projets", a déclaré à ce sujet M. Salvini lundi en prévenant: "Les élections seront un plébiscite, le peuple et la vraie vie contre les vieilles castes et ces messieurs du spread !".

Un moyen de mettre la pression sur M. Berlusconi, qui a dominé la droite italienne pendant 25 ans et pourrait avoir du mal à mener campagne en tant que N.2 de son jeune allié.

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Depuis 1948, 61 gouvernements se sont succédé en Italie.

- Avec quelle loi ?

L'impasse dans laquelle se trouve l'Italie actuellement est fille, entre autres, de la loi électorale, qui laisse encore une grande part à un scrutin proportionnel redoutable dans un paysage politique réparti en trois camps - la droite, les antisystème et le centre gauche.

"Si nous retournons voter maintenant avec la même loi électorale, nous nous retrouverons dans les mêmes difficultés qu'aujourd'hui", a prévenu dimanche la présidente du Sénat, Maria Elisabetta Alberti Caselatti.

Et avec une nouvelle loi ? M. Salvini ne l'exclut pas, fort de ses rapports désormais privilégiés avec Luigi Di Maio, chef du M5S.

"La seule certitude que nous avons maintenant est qu'il existe une majorité au Parlement qui peut proposer et approuver des lois. Et la première chose que nous ferons est de lancer la discussion sur la loi électorale", a-t-il promis lundi.

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Matteo Salvini

Par Ljubomir Milansin

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