Paris - Angela Merkel, favorite des élections, et son rival social-démocrate tentent de mobiliser leurs troupes et de rallier les indécis en cette fin de campagne que la remontée de la droite nationaliste contribue à tendre.

La chancelière de 63 ans, bien partie pour remporter dimanche 24 septembre un quatrième mandat, tiendra un meeting à Munich le 22 septembre au soir, tandis que Martin Schulz, 61 ans, s'adressera à ses sympathisants à Berlin.

Si les conservateurs distancent toujours largement les sociaux-démocrates, les derniers sondages ont aussi de quoi les inquiéter.

L'Union chrétienne-démocrate (CDU) et son allié bavarois sont crédités de 36% des voix par un sondage de la chaîne ZDF publié le 21 septembre, et pourraient s'approcher du coup de leur deuxième plus mauvais score historique (35,1% en 1998).

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Evolution des intentions de vote par parti en Allemagne depuis les élections législatives de 2013 

Martin Schulz veut voir dans cette érosion un "retournement de dernière minute" lié à "une énorme inquiétude" de la population.

Mais l'ancien président du Parlement européen est loin d'en profiter. Les sociaux-démocrates sont crédités de seulement 21,5% dans l'enquête, du jamais vu dans l'histoire du plus vieux parti d'Allemagne.

Trente-sept pour cent des personnes interrogées se disent toutefois encore indécises quant à leur choix dimanche.

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Le chef du parti social démocrate allemand (SPD) Martin Schulz, ancien président du Parlement européen, en campagne pour les législatives. Photo: Odd Andersen/AFP

 

"L'arrogance du pouvoir"

La droite populiste de "l'Alternative pour l'Allemagne" (AfD) réalise la remontée la plus nette en fin de parcours avec 11%. D'autres sondages lui prédisent davantage.

L'AfD a nettement radicalisé sa campagne en fin de parcours, axant ses attaques sur les migrants, les musulmans et la fin de la repentance pour les crimes nazis.

"Je crois que l’on va faire un bon résultat (...) Nous espérons être la troisième force politique", assurait un sympathisant, Arne Siegel, 55 ans, lors d'un meeting à Berlin jeudi soir.

"L'Europe, l'Euro, les migrants, il faudra amender les lois pour qu'elles aillent dans notre intérêt, dans l'intérêt du peuple allemand", selon lui.

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"Burkas? nous préférons les bikinis" ou "De nouveaux Allemands? Nous les faisons nous-mêmes" lit-on sur des pancartes de manifestants de l'AfD à Binz le 16 septembre 2017. Photo: John MacDougall/AFP

Les conservateurs n'ont jamais affiché de doutes sur la victoire de leur cheffe. Ce comportement a non seulement conduit à une campagne jugée ennuyeuse, mais a aussi irrité les partisans de l'AfD ou les déçus du gouvernement, qui y ont vu une nouvelle preuve "de l'arrogance du pouvoir des dernières années Merkel", juge le magazine Spiegel.

Fidèle à son credo axé sur la stabilité du pays, celle qui dirige le pays depuis douze ans n'a rien proposé de très concret. Elle a véhiculé le message rassurant d'une "Allemagne où il fait bon vivre", à l'abri des risques extérieurs symbolisés par Donald Trump ou le Brexit.

Son rival a lui échoué à convaincre en dénonçant les injustices sociales dans un pays en pleine croissance, où le chômage est au plus bas depuis la réunification.

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Alexander Gauland et Alice Weidel, têtes de liste de l'AfD aux élections législatives, parlent d'immigration et d'islam lors d'une conférence de presse à Berlin le 18 septembre 2017. Photo: Tobias Schwartz/AFP

La perspective de l'arrivée de l'AfD à la chambre des députés, qui s'apprête à être le premier parti de ce type à entrer dans l'enceinte depuis 1945, est aussi à l'origine d'une ultime polémique avant le scrutin.

Le bras droit d'Angela Merkel à la chancellerie, Peter Altmaier, s'est attiré de nombreuses critiques, y compris de son propre camp, en déclarant qu'il valait mieux s'abstenir plutôt que de voter AfD.

 

Quel gouvernement Merkel IV ?

Angela Merkel a exclu de gouverner avec les extrêmes, l'AfD mais aussi la gauche radicale qui se disputent actuellement la troisième place dans les sondages.

L'option la plus simple sur le papier, et synonyme de continuité dans la politique allemande, serait de reconduire une grande coalition avec les sociaux-démocrates.

Mais le SPD, en pleine crise existentielle, pourrait cette fois choisir de se ressourcer dans une cure d'opposition.

Autre possibilité pour la chancelière: une alliance avec le parti libéral FDP, en bonne voie de retour au Bundestag après en avoir été éjecté en 2013, et les Verts. Mais une coalition à deux avec l'un de ces petits partis semble impossible au vu des sondages.

Les divergences entre écologistes et libéraux sur l'avenir du diesel ou l'immigration promettent toutefois d'être très compliquées à gérer.

Et le photogénique leader du FDP de 38 ans, Christian Lindner, --farouchement opposé, entre autres, aux propositions françaises de réformes de la zone euro-- s'annonce comme un partenaire compliqué pour Angela Merkel.

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