Helsinki - Il avait quitté Washington remonté, avec l'envie d'en découdre avec les alliés de l'Amérique et de "bien s'entendre" avec la Russie.

Le déplacement de Donald Trump en Europe, qui s'est achevé le 16 juillet, fut un incroyable tourbillon dont il est difficile de dégager une ligne directrice ou une cohérence.

Nicholas Burns, ancien diplomate et professeur à Harvard, a parlé du "voyage le plus chaotique et destructeur" jamais effectué par le président américain.

A bord d'Air Force One, dans la salle de conférence de presse de l'OTAN ou dans les salons du palais présidentiel d'Helsinki, un sentiment d'improvisation dominait.

Bruxelles, Londres, Helsinki: les semaines et mois à venir diront jusqu'où ces sept jours auront distendu -  ou irrémédiablement abîmé - les liens transatlantiques.

Reste pour l'heure un périple présidentiel qui renforce l'impression tenace qu'aucune voix - ministres ou conseillers - ne pèse véritablement dans l'équipe Trump, à part celle de Trump lui-même.

L'impression aussi d'un président qui s'est enhardi, fonce sans retenue ou presque, porté par la fidélité à toute épreuve de sa base électorale qui raffole de "L'Amérique d'abord".

Retour en quatre temps sur un voyage pas comme les autres.

Coup de sang au petit déjeuner

La journée débute a priori paisiblement dans un salon de la résidence de l'ambassadeur États-Unis en Belgique par un petit déjeuner entre Donald Trump et le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg.

Le locataire de la Maison Blanche lance d'emblée un charge d'une violence inouïe contre ses alliés. Dans le viseur ? L'Allemagne, accusée d'être "totalement contrôlée par la Russie".

Le malaise est palpable, les visages de figent, ses conseillers ne bronchent pas, comme tétanisés.

Stoltenberg tente un ton conciliant, explique que la force de l'Otan est précisément, malgré les "différences" entre ses 29 membres, de rester unis. Trump se cabre, insiste, en rajoute.

Quelques heures plus tard, il évoque sans sourciller sa "très très bonne relation" avec "Angela".

Le ton de la deuxième tournée européenne du 45e président des Etats-Unis est donné.

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Comparaison des dépenses militaires des Etats membres de l'Otan 

Feux d'artifice à l'Otan

Au deuxième jour du sommet de l'Otan, des rumeurs font état de la menace qu'aurait formulé le président américain de quitter l'Alliance.

L'atmosphère est tendue.

Le "génie très stable" comme il se qualifie lui même, explique, au cours d'une conférence de presse tourbillonnante où il bondit d'un sujet à l'autre sans crier gare, que sa "fermeté" a payé.

Il vante des "progrès extraordinaires". "Maintenant, nous sommes très heureux et nous avons une Otan très très forte, plus forte qu'elle ne l'était il y a deux jours".

Sur le papier pourtant, les objectifs et le calendrier n'ont pas bougé, les engagements des pays membres restent identiques: consacrer 2% de leur PIB aux dépenses de défense d'ici à 2024.

Il expliquera plus tard qu'en dépit de quelque tensions initiales, il n’y avait que de "l'amour" dans la pièce.

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Chiffres clés de l'économie et de la défense des Etats-Unis et de la Russie 

La bombe du Sun

"J'aurais fait les choses différemment. J'ai dit à Theresa May comment procéder (...) mais elle ne m'a pas écouté".

Nombre de Britanniques s'étranglent à la lecture de l'entretien que le président américain a accordé au tabloïd The Sun, publié au moment où s'achève le diner donné à son honneur par Mme May dans le cadre somptueux du palais de Blenheim, près d'Oxford.

Le lendemain, lors d'une conférence de presse houleuse, il s'attaque aux médias avec une violence redoublée, déplore que "choses gentilles" n'aient pas été mises en titre.

L'étape anglaise sera une succession de faux-pas, ou de provocations, suivant les interprétations.

Comme lorsque sa porte-parole tweete une photo de lui à Chequers, la résidence de campagne des Premiers ministres britanniques, assis dans le fauteuil de Winston Churchill, avec un air satisfait, dans une posture de défi.

Comme une revanche, Theresa May attendra qu'il soit parti jouer au golf en Ecosse pour expliquer calmement que Trump lui avait recommandé... d'attaquer l'UE en justice. Et de souligner que le conseil n'a pas été retenu.

Le fiasco d'Helsinki

Le pari était osé. Un tête-à-tête, sans conseillers, avec Vladimir Poutine, le dirigeant que les services du renseignement américain accusent d'ingérence dans campagne présidentielle.

L'étrange conférence de presse qui a suivi a tourné au fiasco pour Donald Trump qui, d'approximations en questions alambiquées, a donné l'impression de prendre le parti de l'homme fort du Kremlin contre les agences de renseignement de son pays.

Avant même qu'Air Force One ne quitte la paisible capitale finlandaise, les réactions indignées fusaient déjà à Washington, y compris au sein de son propre parti.

Donald Trump avait prédit que l'étape finlandaise serait "la plus facile" de son périple. Il y est apparu en position de faiblesse face à un Poutine redoutablement habile et sûr de son fait.

Elle pourrait, in fine, lui coûter cher politiquement.

Par Jérôme Cartillier

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