Bruxelles - L'UE a fustigé jeudi la décision de Donald Trump d'interdire aux Européens d'entrer aux Etats-Unis, afin de limiter l'épidémie de coronavirus, une mesure qui devrait profondément affecter l'économie de l'Union déjà mise à mal par le virus.

La méthode du président américain a une fois de plus choqué la Commission européenne et le Conseil (représentant les Etats membres de l'Union européenne), qui n'ont été informés de sa décision qu'au moment de son annonce.

En outre, la logique de M. Trump est jugée déconcertante. Les autorités américaines ont en effet fermé leur pays aux seuls ressortissants de l'espace Schengen, épargnant le Royaume-Uni, même si le pays (qui a quitté l'UE fin janvier) compte plus de cas que de nombreux pays de l'Union.

L'Irlande, pays hors espace Schengen, n'est elle aussi pas concernée par cette interdiction.

Les avis scientifiques suggèrent que les restrictions de voyage sont inefficaces, alors que le virus est déjà présent presque partout dans le monde, ont souligné les dirigeants européens.

"Le coronavirus est une crise mondiale, qui n'est pas limitée à un continent et qui requiert de la coopération plutôt qu'une action unilatérale", ont déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et celui du Conseil, Charles Michel, dans un communiqué commun.

"L'Union européenne prend des actions fortes pour limiter la propagation du virus", ont-ils assuré.

"Coupable"

Plus tôt dans la matinée, M. Michel avait clairement indiqué que Bruxelles craignait avant tout l'impact économique de l'interdiction.

Il a promis que des experts de l'UE se réuniraient rapidement. "Il faut éviter les perturbations économiques", a-t-il martelé.

L'espace Schengen comprend la plupart des États membres de l'UE ainsi que l'Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse, mais pas le Royaume-Uni, l'Irlande, la Croatie, la Roumanie, la Bulgarie ou Chypre.

Le président Trump a laissé entendre --par erreur-- que ces restrictions pourraient s'appliquer également aux produits venant d'Europe et pas seulement aux voyageurs.

La proclamation officielle publiée plus tard dans la soirée par la Maison Blanche précise bien que le président "continue à s'engager à faciliter le commerce entre nos nations".

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Connections aériennes Europe-USA : les possibles conséquences après l'annonce de Donald Trump 

Cependant, l'interdiction de voyager pourrait frapper durement les compagnies aériennes, les agences de voyage et les entreprises mondiales.

À Bruxelles, les fonctionnaires et les diplomates européens étaient furieux.

"S'il veut que l'UE soit le coupable, qu'il en soit ainsi. Cette décision n'est pas cohérente, elle est unilatérale et crée beaucoup de problèmes qui ne sont pas nécessaires", s'est désolé un diplomate européen.

"Trump profite simplement du fait qu'un homme est à terre pour le frapper. Il veut donner l'impression de contrôler la situation, mais dans sept jours, ce sera clair qu'il ne le fait pas", a-t-il ajouté, faisant référence à la propagation de l'épidémie aux USA.

Même le Royaume-Uni, en pleine négociation sur le Brexit avec les Européens, a critiqué la décision du président américain.

Sacrifices

"Nous ne pensons pas que c'est ce qu'il faut faire", a déclaré le ministre britannique des Finances Rishi Sunak sur la BBC.

"D'après les conseils que nous recevons, il n'est pas prouvé que des interventions telles que des interdictions de voyager aient un effet matériel", a-t-il ajouté.

L'OMS décrit la nouvelle épidémie de coronavirus comme une "pandémie contrôlable" et les pays européens - en collaboration avec l'UE - s'efforcent de coordonner leur réponse.

Mais les 27 ne sont pas tous affectés au même degré et leurs réactions sont différentes, certains imposant ou conseillant des mesures de confinement draconiennes et d'autres la prudence.

Chaque pays de l'UE a désormais été atteint par au moins un cas de coronavirus et l'ensemble du continent a enregistré 22.969 cas, notamment l'Italie avec 12.462 cas et 827 décès.

L'Italie a fermé une grande partie de sa population, les bars, les restaurants et tous les magasins, à l'exception des épiceries et des pharmacies.

Plusieurs pays ont imposé des mesures similaires, quoique moins radicales. Jeudi, l'Irlande est devenue le dernier membre de l'UE en date à demander à ses citoyens des sacrifices et une "distanciation sociale".

Mais la réponse de l'UE est loin d'être unie, malgré les appels à la solidarité de plusieurs dirigeants.

Les États membres attendent que la Commission von der Leyen annonce vendredi des plans pour "soutenir" leur économie.

Par Céline Le Prioux

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