Madrid - Voici les grandes dates de la montée de l'indépendantisme en Catalogne, région du nord-est de l'Espagne, théâtre de la plus grande crise politique qu'ait connue le pays depuis son retour à la démocratie en 1977.

Statut plus autonome en 2006, en partie annulé en 2010

En mars 2006 le Parlement espagnol adopte un nouveau statut renforçant l'autonomie de la Catalogne, définie comme "nation" à l'intérieur de l'Etat espagnol.

En juillet, le Parti populaire (PP) du conservateur Mariano Rajoy, alors dans l'opposition, conteste ce statut devant la Cour constitutionnelle, le qualifiant d'"antichambre du démembrement de l'Espagne".

En juin 2010, la Cour constitutionnelle annule une partie du statut, estimant que la référence à la Catalogne comme "nation" n'a "aucune valeur juridique". Elle rejette l'usage du catalan comme langue "préférentielle" dans les administrations et médias. Après cette "humiliation", des centaines de milliers de Catalans manifestent.

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Chronologie des rapports entre la Catalogne, la Castille et l'Espagne depuis 1479 

2012-2016: montée en puissance des séparatistes

Le 11 septembre 2012, jour de la fête de la Catalogne, plus d'un million de personnes manifestent à Barcelone pour un nouvel Etat, dans un contexte de grave crise financière qui étreint le pays.

Le 20 septembre, M. Rajoy, Premier ministre depuis 2011, refuse de négocier avec le président catalan Artur Mas une plus grande autonomie budgétaire de la région. M. Mas remporte en novembre les élections régionales et promet un référendum d'autodétermination.

Le 9 novembre 2014, la Catalogne se prononce à 80% pour l'indépendance lors d'une consultation symbolique, déclarée anticonstitutionnelle, avec une participation de 35%.

Le 27 septembre 2015, les partis indépendantistes obtiennent la majorité des sièges au Parlement régional, lequel adopte le 9 novembre une résolution sur un processus devant aboutir à "un Etat catalan indépendant prenant la forme d'une république" au plus tard en 2017. La Cour constitutionnelle annule cette résolution.

Le 10 janvier 2016, le séparatiste Carles Puigdemont devient président de la région.

2017: référendum interdit, réprimé dans la violence

En juin 2017, M. Puigdemont annonce un référendum d'autodétermination pour le 1er octobre, assurant que si le "oui" l'emporte, la région amorcera la "déconnexion" d'avec l'Espagne.

Le 7 septembre, la Cour constitutionnelle suspend une loi du parlement régional organisant la consultation.

Le 20, l'arrestation de 14 hauts responsables catalans et la saisie de millions de bulletins de vote déclenchent des manifestations spontanées de milliers de Catalans.

Le 30, le gouvernement affirme avoir démantelé l'organisation du référendum. Des milliers de personnes, brandissant des drapeaux espagnols, manifestent à Madrid pour l'unité de l'Espagne.

Le 1er octobre, jour du référendum, les forces de l'ordre interviennent pour saisir les urnes dans au moins une centaine de bureaux de vote. Des images de violences policières font le tour du monde.

"Il n'y a pas eu de référendum d'autodétermination en Catalogne", affirme Mariano Rajoy, pour qui l'Etat de droit a prévalu.

Le gouvernement séparatiste affirme lui que le "oui" l'a emporté à 90%, avec une participation de 43% selon des résultats invérifiables. Carles Puigdemont demande une médiation internationale.

Le 3 octobre, 700.000 personnes, selon la police municipale, manifestent à Barcelone contre les violences policières, sur fond de grève générale en Catalogne. Le roi Felipe VI s'exprime dans une rare allocution télévisée, dénonçant les autorités séparatistes de Catalogne et déclarant que l'Etat doit rétablir l'ordre constitutionnel.

Le lendemain, M. Puigdemont assure que son gouvernement s'apprête à déclarer l'indépendance. 

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Courte biographie du meneur indépendantiste Carles Puigdemont 

Le 10 octobre, lors d'une allocution devant le parlement régional il estime "que le peuple a décidé que la Catalogne doit devenir un Etat indépendant sous forme de République".

Mais il propose au Parlement de suspendre l'indépendance, pour permettre un dialogue.

Le 11 octobre, le chef du gouvernement espagnol laisse à Carles Puigdemont 8 jours pour renoncer à toute déclaration d'indépendance.

Le 27 octobre, le parlement de Catalogne vote, par 70 voix sur 135, la déclaration d'indépendance unilatérale. Le jour même, Madrid suspend de facto l'autonomie régionale, destitue l'exécutif séparatiste de Carles Puigdemont, dissous son parlement et convoque des élections pour le 21 décembre.

Fin octobre, M. Puigdemont quitte secrètement la Catalogne pour Marseille d'où il prend un avion pour Bruxelles, où il réapparait le 30 octobre, en compagnie de quatre anciens membres de l'exécutif régional.

Le 2 novembre le vice-président destitué de la Catalogne, Oriol Junqueras, et neuf autres dirigeants indépendantistes sont arrêtés et emprisonnés pour "rébellion et/ou sédition". Le vice-président et trois autres dirigeants restent actuellement en détention.

 

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