Adopté fin 2015, entré en vigueur moins d'un an plus tard et à ce jour ratifié par 183 pays, l'accord de Paris impose un cadre à la lutte contre le réchauffement climatique, sans toutefois fixer d'objectif contraignant par pays.

. Quels objectifs?

La communauté internationale s'est engagée à garder la hausse de la température "bien en deçà de 2°C" et à "poursuivre les efforts pour limiter la hausse à 1,5°C", par rapport au niveau d'avant la Révolution industrielle.

La mention du 1,5°C a été un combat des pays les plus vulnérables, ajoutée au texte en toute fin de négociation. Les experts du Giec, dans leur synthèse parue en octobre, ont expliqué la grande différence d'impacts entre 1,5 et 2°C de réchauffement, et ce partout dans le monde.

1,5 ou 2°C, ces objectifs sont ambitieux compte tenu des concentrations record de gaz à effet de serre (GES) dans l'air, très persistants, et du niveau des émissions, toujours à la hausse.

Pour rester sous 1,5°C, il faudrait que les émissions de CO2 chutent bien avant 2030 et fortement (-45% d'ici 2030 par rapport à leur niveau de 2010), selon le Giec.

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L'ONU alerte dans son rapport annuel d'un fossé grandissant entre les émissions de gaz à effet de serre et l'ambition de l'Accord de Paris 

L'accord de Paris, lui, indique seulement que les pays recherchent "un plafonnement des émissions dans les meilleurs délais", puis "des réductions rapides par la suite".

La recherche, dans la deuxième partie du siècle, d'un équilibre entre émissions et absorption des GES est interprétée par les uns comme la fin des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), quand d'autres misent sur le captage de CO2 (technique pas encore disponible) pour continuer à les exploiter.

Contrairement au protocole de Kyoto, l'accord ne pose pas d'objectif contraignant décliné par pays: chacun s'est fixé ses objectifs, à ce stade pour 2025 ou 2030.

. Quel calendrier?

La réalisation de ces plans nationaux éviterait les catastrophiques +4/5°C prévisibles en l'absence de politiques climatiques, mais laisse la planète sur une trajectoire dangereuse de plus de 3°C.

D'où la nécessité de renforcer ces engagements. Les pays sont invités à dresser un premier bilan global à la COP24 qui les réunit en Pologne.

L'accord prévoit un mécanisme de révision à la hausse tous les 5 ans des engagements nationaux, avec une première révision obligatoire en 2025, date trop tardive pour respecter les 2°C. Les États sont donc encouragés à présenter des plans renforcés dès 2020, "dernière occasion" de se placer sur la bonne trajectoire souligne l'ONU.

. Comment vérifier les engagements?

L'accord prévoit que les pays rendent compte de leurs actions et résultats. Une certaine flexibilité est prévue pour les plus pauvres.

Mais les règles précises de cette "transparence" doivent encore être décidées. Quelles informations inclure dans les plans nationaux? La transparence concerne aussi l'aide financière des pays riches aux pays en voie de développement. Ces "règles d'application de l'accord de Paris" doivent être finalisées à la COP24.

. Quelle aide pour les plus pauvres?

En 2009, les pays riches avaient promis que leur aide atteindrait 100 milliards de dollars par an en 2020, pour permettre aux plus pauvres de financer des infrastructures énergétiques propres et de s'adapter aux impacts du réchauffement.

Le pacte de Paris acte que cette somme n'est qu'un "plancher", un nouvel objectif devant être fixé "d'ici 2025".

Les pays en développement réclament "une feuille de route" précise sur cette aide.

Selon l'OCDE, les financements climatiques publics du Nord vers le Sud ont atteint 56,7 milliards de dollars en 2017, contre 48,5 milliards en 2016 (+17%), et les projections, sur la base des engagements annoncés, annoncent une aide publique de 67 milliards en 2020.

En ajoutant les effets de levier sur le privé, les financements totaux iraient de 77 à 133 milliards de dollars en 2020.

Cette somme de 100 milliards est à mettre en regard des 3.000 à 4.000 milliards nécessaires, selon le think tank New Climate Economy, pour assurer une transition vers des économies "bas carbone", ce qui ne pourra se faire rapidement qu'avec une réorientation massive de la finance mondiale.

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