Paris - Les perturbateurs endocriniens (PE), que l'UE tente d'encadrer, dérèglent le fonctionnement hormonal, générant pathologies et anomalies chez l'homme et l'animal. Présents dans de nombreux produits de la vie quotidienne, ils ont suivi l'essor de l'industrie chimique.

Des substances qui miment les hormones

Le terme est apparu en 1992 avec l'étude de l'épidémiologiste américaine Theo Colborn, sur l'effet des produits chimiques sur les hormones.

Selon l'OMS, le PE est une substance (ou un mélange) qui modifie les fonctions du système hormonal et nuit en conséquence à la santé ou à la reproduction des populations, y compris à de très faibles niveaux d'exposition.

Cette définition de 2002 fait toujours consensus chez les scientifiques.

Les chercheurs retiennent la classification en trois catégories, comme pour les substances cancérogènes : PE certains, suspectés et substances actives pouvant modifier le système hormonal mais sans certitude de nocivité sur la santé.

"Tous les êtres vivants, des bactéries jusqu'à l'homme, émettent des hormones, destinées à gouverner les organes. Un PE est une substance qui mime l'hormone et vient tromper" l'organisme, résume le biologiste Gilles Boeuf.

Des cosmétiques aux pesticides

Les PE peuvent se retrouver dans les jouets, les peintures, les cosmétiques ou encore les contenants alimentaires (canettes, boîtes de conserve...). Le texte adopté à Bruxelles mardi concerne les pesticides, mais le ministre français Nicolas Hulot dit avoir obtenu une 2e étape future, sur les emballages, les cosmétiques, les jouets.

Parmi les pesticides, le glyphosate, premier herbicide utilisé dans le monde, est soupçonné de faire partie des PE.

L'un des plus connus, le Bisphénol A, a été banni des biberons en 2011 au sein de l'UE. La France est allée plus loin en l'interdisant des autres contenants alimentaires depuis 2015. Mais les scientifiques pointent du doigt les substituts du Bisphénol A (le S ou F), qui seraient eux aussi des PE, selon de premières études.

Infertilité, malformations...

De nombreuses études ont démontré depuis longtemps que les PE diminuaient la fertilité humaine.

Scientifiques et médecins s'alarment de leur nocivité au stade embryonnaire. Ils ont repéré le lien avec l'augmentation des cas d'hypospadias, une anomalie congénitale de la verge avec l'orifice de l'urètre anormalement positionné. Chez les filles, ils sont incriminés dans la recrudescence des cas de puberté précoce.

Depuis quelques années, les PE sont aussi soupçonnés d'avoir des effets nocifs sur le système immunitaire et la fonction respiratoire chez l'enfant, mais également de favoriser le diabète, et par conséquent l'obésité.

Dans l'UE, les coûts résultant des effets sur la santé de l'exposition aux PE sont estimés entre 100 et 200 milliards d'euros par an, selon une étude de 2015.

Des questions en suspens

Les PE ne sont pas tous connus, ce qui implique de mettre au point de nouveaux tests, par exemple pour mieux suivre les substances agissant sur la fonction thyroïdienne.

Quel est l'impact exact de ces substances chimiques selon les doses? Quel est le risque potentiel lorsque ces substances sont mélangées entre elles? Autant de questions pour les chercheurs, qui suspectent notamment des +effets cocktails+ où les mélanges seraient beaucoup plus nocifs que les substances prises séparément.

Les écosystèmes ne sont pas épargnés. "Le problème dans la nature est que ces PE sont libérés partout", pointe Gilles Boeuf. "Dans cette espèce de capharnaüm, les récepteurs des organismes vivants ne savent plus à quel saint se vouer!"

Stress, croissance, reproduction... les impacts sont multiples. Il y a 20 ans déjà, des Danois avaient montré que des substances agricoles parvenaient à modifier le sexe des poissons : les mâles devenaient femelles.

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