Londres - Le parti europhobe Ukip a disparu du Parlement à l'issue des législatives du 8 juin 2017, entraînant la démission de son chef Paul Nuttall, une série noire qui a commencé avec le vote du Brexit.

Avec 1,9% des suffrages et aucun député, l'Ukip se retrouve ainsi quasi rayé de la carte politique nationale, ne comptant plus que 20 députés européens et quelques représentants locaux.

"Une nouvelle ère doit commencer avec un nouveau leader", a déclaré lors d'une conférence de presse Paul Nuttall, chef du parti depuis seulement un peu plus de six mois, qui a immédiatement tiré les leçons de cette déconfiture. 

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 L'Ukip a perdu le seul siège qu'il détenait au Parlement britannique

Ce Gallois de 40 ans, ancien maître de conférences à l'université, n'a jamais su faire oublier Nigel Farage, ancien leader de l'Ukip et grand artisan de la victoire du Brexit lors du référendum sur l'UE du 23 juin 2016.

Farage a d'ailleurs affirmé ouvertement vendredi 9 juin réfléchir à un retour aux affaires. "Le Brexit est en danger", a-t-il affirmé sur Twitter. "L'article 50 a été déclenché et nous sommes en route. May a mis tout ça en péril. Même (le ministre du Brexit) David Davis commence à faire des concessions", s'est-il inquiété.

"Mission accomplie"

Interrogé sur cet éventuel retour, Paul Nuttall a affirmé que si c'était son souhait, il était "plus que ravi" de rendre son poste à Farage, député européen à la tête du bloc eurosceptique au parlement de Bruxelles.

Sous la direction de cet ancien trader et soutien du président américain Donald Trump, l'Ukip avait remporté, au niveau national, les élections européennes en mai 2014, obtenant 20 sièges à Bruxelles.

Un an plus tard, l'Ukip devenait la troisième force politique du Royaume-Uni en engrangeant, lors des législatives de 2015, 12,6% des voix. Il n'avait cependant traduit ces plus de trois millions de votes que dans un siège de député.

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Gonflé à bloc par cette popularité, l'United Kingdom Independence Party (Parti de l'indépendance du Royaume-Uni) s'était engagé tambour battant dans la campagne en faveur d'une sortie du pays de l'Union européenne, un sujet qui est à l'origine même de sa fondation.

"Mission accomplie", avait claironné Nigel Farage en démissionnant de la tête du parti après avoir vécu comme une consécration personnelle le choix de 52% de Britanniques de voter en faveur d'une sortie de l'UE lors du référendum du 23 juin 2016.

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Nigel Farage, député européen, soupire pendant un discours au parlement européen à Strasbourg. Photo: Sébastien Bozon/AFP 

Depuis cette victoire du Brexit, le parti, qui aurait dû nager en plein bonheur, n'a fait qu'enchaîner les crises internes, peinant à trouver une raison d'être.

"Chien de garde du Brexit"

Orphelin de Nigel Farage, parti soutenir Donald Trump aux Etats-Unis, le parti a sans cesse peiné à faire entendre sa voix, alors que le gouvernement conservateur et sa ligne d'un Brexit "dur" marchaient sur ses terres idéologiques.

La formation s'est surtout fait remarquer, sur les douze derniers mois, par la démission express de sa nouvelle cheffe Diane James en octobre puis par une bagarre entre eurodéputés au Parlement de Strasbourg avant le départ du parti de son unique député, le transfuge des conservateurs Douglas Carswell, à la fin mars.

Ce dernier était critiqué depuis des mois par Nigel Farage qui l'accusait de vouloir détruire l'Ukip de l'intérieur.

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Le chef de l'Ukip Paul Nuttall en campagne électorale à Clacton-on-Sea, le 20 mai 2017

Douglas Carswell n'avait pas non plus les faveurs du millionnaire Arron Banks, principal donateur du parti, qui avait exhorté Paul Nuttall à "faire le ménage" dans un parti "géré comme une brocante" en "virant des benêts comme Douglas Carswell".

En démissionnant, Paul Nuttall a néanmoins assuré croire "en un avenir brillant" pour son parti qui va rester, selon lui, "le chien de garde du Brexit".

Par Maureen Cofflard

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