Berlin - Les relations entre Berlin et Ankara n'ont cessé de se détériorer depuis deux ans. Voici quatre grands motifs de tension germano-turcs, qui pèsent sur la campagne électorale allemande.

Coup d'Etat manqué et répression

Depuis la tentative de putsch du 15 juillet 2016, le président turc Recep Tayyip Erdogan a lancé de vastes purges touchant des dizaines de milliers de Turcs accusés de liens avec Fethullah Gülen, le prédicateur exilé aux Etats-Unis accusé par Ankara d'avoir orchestré ce coup d'Etat.

L'Allemagne a peu à peu intensifié ses critiques face à l'ampleur de la répression, jusqu'à accuser la Turquie de dérive autoritaire destinée à museler l'opposition. Le chef de l'Etat turc accuse en retour Berlin de protéger conjurés et "terroristes".

Allemands dans le collimateur

Selon Berlin, en représailles à ces critiques, la Turquie maintient en détention de 10 à 12 Allemands. Le cas le plus emblématique est celui du correspondant du quotidien allemand Die Welt, Deniz Yucel, en détention provisoire pour "propagande terroriste" depuis février. Parmi les autres détenus, on compte aussi des militants pour les droits de l'Homme.

Le gouvernement turc s'est aussi plaint à plusieurs reprises de la couverture de la Turquie dans les médias allemands, comme le Spiegel.

Mais l'affaire la plus cocasse est aussi celle qui est allée le plus loin. En mars 2016, l'humoriste Jan Böhmermann a lu à l'antenne d'une chaîne publique un "poème diffamatoire" très virulent taxant notamment M. Erdogan de zoophilie.

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Tract disant "16 avril - référendum en Turquie - Non au régime d'un seul homme" devant un bureau de vote à Munich. Photo: Christof Stache/AFP

L'animateur a expliqué à l'époque avoir choisi l'exagération et l'insulte pour démontrer au président turc par l'absurde que les opposants qui le critiquent ne le diffament pas mais exercent leur liberté d'opinion.

Sous pression du président turc, M. Böhmermann a été, avec l'accord de Mme Merkel, un temps inquiété par la justice allemande pour insulte à un dignitaire étranger. L'affaire a finalement été classée.

Génocide arménien

En juin 2016, les députés allemands ont voté une résolution qualifiant de "génocide" les massacres d'Arméniens dans l'Empire ottoman, sujet hautement sensible pour la Turquie qui a toujours rejeté ce qualificatif. 

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Bureau de vote à Munich pour le référendum turc. Photo: Christof Stache/AFP

En représailles, la Turquie a bloqué un temps la venue de députés allemands sur la base d'Incirlik où des soldats allemands étaient déployés dans le cadre de la coalition luttant contre le groupe Etat islamique (EI). Au final, Berlin a décidé en juin 2017 de redéployer ses militaires en Jordanie.

Campagnes électorales

En mars 2017, en pleine campagne pour le référendum sur les pouvoirs du président turc, une série de manifestations pro-Erdogan sont interdites en Allemagne, y compris des rassemblements où des ministres turcs devaient s'exprimer.

Dans la foulée, d'autres pays européens agissent de même. Ulcéré, Recep Tayyip Erdogan dénoncent des "pratiques nazies".

Puis en août, alors que ce sont désormais les Allemands qui sont en campagne pour les législatives, le chef de l'Etat turc lance un appel à la communauté germano-turque à sanctionner Angela Merkel, les sociaux-démocrates et les Verts, tous qualifiés d'"ennemis" de la Turquie.

L'Allemagne compte trois millions de personnes d'origine turque dont 1,2 million d'électeurs allemands.

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