Bruxelles - L'UE à 27 et le Royaume-Uni sont entrés le 17 juillet dans le vif du sujet en entamant le deuxième round de négociations à Bruxelles pour déterminer les conditions de leur divorce, alors que Londres se met difficilement en ordre de bataille.

Après une énergique poignée de mains échangée dans la matinée avec son homologue britannique David Davis, le négociateur en chef de l'UE Michel Barnier a annoncé la couleur: les deux camps, enfin, "plongent dans le coeur du sujet".

La session de négociations doit durer quatre jours, au cours desquels différents groupes de travail vont se pencher sur les premières priorités fixées: droits des citoyens et solde des comptes, mais aussi la question irlandaise, et quelques sujets annexes comme l'adhésion à Euratom ou l'autorité de la Cour de justice de l'UE. Selon Michel Barnier, l'objectif est "d'examiner et comparer nos positions respectives pour progresser".

"Il est temps de se mettre au travail et de faire en sorte que ces négociations soient couronnées de succès", a déclaré de son côté David Davis, qui souhaite "identifier les différences pour s'en occuper et identifier les similarités pour les renforcer".

Le travail est maintenant dans les mains des techniciens. D'ailleurs, David Davis a rapidement regagné Londres, où l'attendaient "des questions parlementaires", selon un responsable britannique.

Il devrait être de retour le 20 juillet à Bruxelles pour présenter un bilan des discussions lors d'une conférence de presse en compagnie de Michel Barnier.

Tensions à Londres

Les Européens, qui ont finalisé leurs préparatifs des tractations en mai, se montrent de plus en plus impatients de connaître les positions britanniques.

Le 13 juillet, Londres a publié les documents précisant son "opinion" sur plusieurs sujets clés, mais toujours pas la question cruciale du règlement financier.

Il faut dire que le camp britannique manoeuvre dans un contexte politique difficile. La presse britannique a longuement relayé ces derniers jours la guerre que se livrerait une poignée de ministres pour la succession de Theresa May, ainsi que des critiques visant le ministre des Finances, Philip Hammond, qui défend une approche "soft" du Brexit.

Les ministres "doivent discuter en privé de la politique du gouvernement", a tancé Downing Street.

Interrogé à ce sujet par la BBC, Philip Hammond a suggéré à ses collègues de se "concentrer sur le travail".

La semaine passée, c'est l'eurosceptique Boris Johnson qui s'était fait remarquer. Le ministre britannique des Affaires étrangères avait mouché les Européens depuis Londres, assurant qu'ils pouvaient "toujours courir" pour que son pays paie la facture du Brexit, estimée jusqu'à 100 milliards d'euros par certains responsables européens.

Un chiffre jugé "fantaisiste" par Philip Hammond, qui a néanmoins affirmé que le Royaume-Uni n'était "pas un pays qui fuit ses dettes".

Toute séparation "coûte cher", a d'ores et déjà averti Michel Barnier.

Tournée royale

Il ne reste que 15 mois pour boucler les négociations d'ici à octobre 2018, afin de laisser du temps pour la ratification de l'accord final par toutes les parties concernées d'ici à fin mars 2019.

"L'heure tourne", avait prévenu Michel Barnier la semaine dernière.

Les Britanniques ont publié récemment plusieurs documents explicitant leur position de négociation, après un premier avis sur le sort des citoyens expatriés, dont les droits futurs (résidence, travail, sécurité sociale) sont devenus incertains dans la perspective du divorce.

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Le prince William et son épouse Kate discutent avec Angela Merkel sur la terrasse de la chancellerie à Berlin. Photo: Odd Andersen/AFP

Dans ces "papiers", les Britanniques insistent sur la nécessité de s'entendre sur une période transitoire et de commencer au plus vite à discuter du statut de la future relation entre les deux parties. Une conversation que les 27 ont pourtant déjà conditionnée à des "avancées significatives" sur les sujets clés.

Les discussions secteur par secteur, bien qu'importantes, sont donc reléguées à plus tard. Le ministre français de la Pêche Stéphane Travert a souligné qu'il faudrait "trouver des accords" pour continuer d'assurer aux pêcheurs de l'UE l'accès aux eaux côtières britanniques après le Brexit.

En attendant, le prince William et son épouse Kate poursuivent cette semaine en Pologne et en Allemagne ce que les médias britanniques ont baptisé un "Brexit diplomacy tour" afin de redorer l'image du Royaume-Uni à l'étranger.

Par Marine Laouchez

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