Londres - "Un coup de peinture, une nouvelle cuisine et ce sera bon !", lance Kai Brader-Tan, encore tout surpris de devenir l'heureux propriétaire d'un appartement à Londres où les prix de la pierre sont sous la pression du Brexit.

Responsable dans une chaîne de vêtements de sport, ce jeune homme de 24 ans ne cache pas sa fierté en évoquant le bien qu'il est en passe d'acquérir à Brixton, un quartier du sud de Londres en plein développement dans une ville où les prix de l'immobilier sont prohibitifs.

Sous l'impulsion de riches acheteurs étrangers, les prix dans la capitale britannique se sont envolés depuis la crise financière et sont désormais deux fois plus élevés que la moyenne nationale.

Sauf que le vote pour le Brexit est passé par là et a calmé les ardeurs des investisseurs internationaux, affectant le marché immobilier londonien, dont la croissance est maintenant la plus faible de toutes les régions du Royaume-Uni, une première en dix ans.

Résultat, le marché refroidit voire se contracte. En patientant un peu, Kai a pu acheter son 4 pièces pour 50.000 livres de moins que prévu (56.000 euros), une aubaine pour ce Londonien de toujours.

"Un mot en B"

La question de la sortie de l'UE était d'ailleurs sur toutes les lèvres lors d'un événement à Londres courant octobre qui réunissait les professionnels de l'immobilier.

"Ce qui nous inquiète vraiment c'est un mot en B" et ses conséquences négatives sur l'économie, résume Paul Steward de la société d'investissement Barings.

Ce rassemblement annuel de promoteurs et investisseurs, le Mipim UK, s'est déroulé à la lisière de Kensington et Chelsea, un quartier où les demeures coûtent en moyenne 1,2 million de livres (1,35 million d’euros), un record dans le pays.

Difficile d'imaginer de là-bas que le marché immobilier londonien patine, surtout du point de vue des habitants de Blaenau Gau, une région rurale du Pays de Galles, où les maisons se vendent pour la plupart pour moins de 100.000 livres (112.000 euros).

Pourtant, les prix de l'immobilier résidentiel ont bien reculé de 0,6% sur un an au troisième trimestre dans la capitale, soit la première baisse depuis 2005, selon la banque mutualiste Nationwide.

Doute des investisseurs étrangers

L'investissement direct étranger dans l'immobilier résidentiel britannique est passé d'un plus haut en cinq ans à 214 million de livres au troisième trimestre 2016, à 77 millions de livres au deuxième trimestre 2017, selon les statistiques officielles.

Dans les quartiers les plus chers de Londres, il faut désormais s'armer de patience pour conclure une affaire. Une transaction se fait en moyenne en 34 jours, contre 24 jours il y a un an, montre le cabinet d'analyste immobilier LonRes.

"Les acheteurs restent prudents", constate Tom Bill, analyste pour l'agence immobilière haute gamme Knight Frank à Londres, qui s'inquiète de l'impact du Brexit sur le secteur financier, un acteur incontournable sur le marché des biens les plus chers.

Dans les quartiers plus modestes de la périphérie de Londres, la demande est quant à elle plombée par la faiblesse persistante des salaires, aggravée par l'inflation liée à la baisse de la livre sur fond de craintes sur le Brexit.

Le ralentissement du marché fait toutefois des heureux parmi les jeunes acheteurs comme Kai.

Certes, pour financer son achat, il a été contraint de lier son prêt immobilier à son salaire et à celui de sa mère, mais il a également profité d'une baisse du prix de son appartement de 550 à 500.000 livres (615 à 560.000 euros).

Le précédent propriétaire "voulait à tout prix vendre rapidement et avait du mal à trouver des acheteurs", explique-il.

"J'ai eu de la chance", reconnaît Kai, admettant toutefois que compte tenu de "l'incertitude" du Brexit il est incapable de dire si son investissement sera payant dans les années à venir.

Kenza Bryan

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